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Olivier Rihouet
 
 
 
Olivier Rihouet
Associé Conseil Opérationnel et Outsourcing

 
Benoit Gérard
 
 
 
Benoit Gérard
Maître de conférences Université Paris-Dauphine PSL

 
Quel rôle pour le contrôle de gestion dans le pilotage de la RSE ?


Comment les contrôleurs de gestion appréhendent-ils la montée en puissance de l’enjeu RSE ? Quelles compétences sont-ils en mesure de faire valoir pour répondre à cet enjeu ? Quels rôles les experts financiers peuvent-ils jouer dans le pilotage de la RSE ?

Bien que les entreprises soient sensibilisées depuis quelques décennies aux enjeux sociaux et environnementaux liés à leurs activités, la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est plus que jamais un sujet d’actualité. En France, avec la loi PACTE du 22 mai 2019 par exemple, de nouvelles dispositions sont entrées en vigueur pour renforcer la RSE, notamment la création du statut d’entreprise à mission. Dans ce contexte, une étude réalisée par Grant Thornton France et l’université Paris-Dauphine PSL en 2022 auprès de 900 personnes, et complétée par 20 entretiens réalisés avec des membres de directions financières (directeurs financiers, responsables du contrôle de gestion et contrôleurs de gestion senior), a permis d’appréhender leur regard sur la montée en puissance du sujet RSE, et de réaliser une esquisse des scénarios sur le rôle que pourrait jouer le contrôleur de gestion dans le pilotage de la RSE.

Une pression de l’environnement…

Les financiers interrogés sont, à titre personnel, plus ou moins sensibles aux préoccupations sociales et environnementales. Toutefois, ils constatent tous l’importance du sujet et la nécessité pour les entreprises d’enclencher une véritable démarche de pilotage en la matière. La plupart des praticiens interrogés considèrent la nécessité de piloter la RSE comme une réponse aux pressions formelles et informelles exercées par les institutions et les attentes des consommateurs. À cet égard, un directeur du contrôle de gestion évoque la récente réglementation européenne, la taxonomie verte. Entrée partiellement en vigueur en 2022, cette dernière vise à informer les investisseurs de la conformité des entreprises avec les objectifs définis dans le Pacte vert pour l’Europe et oblige ainsi les entreprises à publier les informations concernant leur bilan carbone. Au-delà de l’intensification de la réglementation, il devient également crucial, comme l’exprime une autre responsable du contrôle de gestion, de bien communiquer sur ses actions RSE, afin de à renvoyer une image positive (notamment dans le B to C) pour ne pas se fermer d’opportunités de marché.

… transformée en leviers financiers ?

Si cette pression de l’environnement est considérée comme une contrainte à laquelle il faut se soumettre, les financiers interviewés y voient aussi de nouvelles opportunités d’améliorer leur performance opérationnelle et d’atteindre leurs objectifs stratégiques. Les actions RSE peuvent alors être utilisées pour faire du business, recruter des talents, faire des économies, revoir leur modèle de costing ou de pricing des produits/services. Plusieurs responsables financiers considèrent ainsi que de nombreuses actions bénéfiques pour l’environnement ont une influence positive sur la profitabilité à court et moyen termes. Les plus citées sont celles visant à limiter la consommation d’énergie. Le responsable du contrôle de gestion d’une entreprise de grande distribution note également que les actions mises en place par son enseigne pour réduire les déchets alimentaires, en s’appuyant notamment sur la lutte contre le gaspillage, ont un effet positif sur le compte de résultat. Au-delà des impacts à court terme sur le profit, certaines actions RSE, coûteuses à court terme, peuvent se transformer en source d’économie à moyen terme. À cet égard, le tri, s’il s’avère coûteux à mettre en place, peut permettre de connaître précisément les consommations, et donc potentiellement de mieux les suivre et les piloter par la suite avec des plans d’actions ciblés.



Des compétences à faire valoir

La pression de l’environnement, et en particulier le cadre législatif et réglementaire européen, a fait émerger un besoin : celui de quantifier l’impact RSE des activités de l’entreprise. À l’heure actuelle, cette quantification n’est généralement pas effectuée au sein de la direction financière. Elle relève, pour les entreprises les plus structurées en la matière, d’une direction dédiée aux sujets RSE.
Toutefois, pour faire face à un besoin de quantification, les entreprises ont tendance à solliciter des professionnels reconnus pour être des experts de la valorisation : les contrôleurs de gestion. Ainsi que l’exprime un directeur financier, ces derniers possèdent « une vraie compétence pour mesurer les choses », inégalée dans l’entreprise. Un directeur du contrôle de gestion confirme par ailleurs que ses contrôleurs de gestion contribuent à la construction des indicateurs RSE parce que les membres de l’entité en charge de la RSE leur reconnaissent des compétences pour « organiser, structurer et donner du sens aux données ». Si ce besoin de construire des métriques RSE s’intensifie, il est donc probable que les financiers soient davantage sollicités. D’ailleurs, un responsable du contrôle de gestion estime même que le basculement d’une « RSE greenwashing » à une « RSE authentique » passe par la construction « d’indicateurs fiables et robustes » par les contrôleurs de gestion.

Quel rôle pour les contrôleurs de gestion ?

Si les contrôleurs de gestion possèdent la culture du chiffre nécessaire pour participer à la construction d’indicateurs RSE, l’on peut se questionner sur le véritable rôle que ces experts peuvent jouer dans le pilotage RSE. Ainsi, trois principaux scénarios se dégagent :

Dans le premier scénario, les contrôleurs de gestion seraient des contributeurs de la RSE et participeraient à l’élaboration des indicateurs associés. Ici, les financiers seraient mobilisés par l’entité en charge de la RSE et travailleraient en support de celle-ci.

Dans un deuxième scénario, les contrôleurs de gestion pourraient devenir de véritables partenaires de la direction RSE : là où les membres de l’entité RSE apporteraient leur savoir sur les matières environnementales et sociétales, les contrôleurs de gestion apporteraient leur culture de la quantification.

Dans un troisième scénario - qui supposerait davantage de transformations structurelles et culturelles - les contrôleurs de gestion deviendraient les leaders du pilotage RSE. Ils exprimeraient alors pleinement leur compétence de la mesure et de la modélisation. Ce dernier scénario pourrait a priori conduire à deux orientations possibles de la RSE. Une première orientation consisterait à prioriser la logique financière et mettre les indicateurs RSE « au service » de la rentabilité. Une seconde viserait à sortir d’une conception purement financière de la performance pour se diriger vers une performance globale, imbriquant aux considérations économiques les préoccupations environnementales et sociétales. Si cette orientation est suivie, les préoccupations RSE seraient pleinement intégrées au processus de planification stratégique, et deviendraient un levier indispensable du pilotage de l’entreprise de demain.

Esquissé dans ces scénarios, le rôle que jouera le contrôleur de gestion dans la RSE dépendra fortement de sa capacité à se positionner sur le sujet et à faire valoir son expertise du chiffre. C’est probablement de cette capacité à se rendre incontournable sur les enjeux de pilotage que rencontrent les organisations, que dépendra dans le futur le rayonnement de la fonction contrôle de gestion.

Grant Thornton, au travers de son pôle Digital Performance Management, accompagne les organisations dans cette transformation à la fois humaine et digitale du contrôle de gestion.

 
 
 
 
 


 

 
 
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